Canggu en Indonésie, tôt le matin, dans la rue. Pourquoi cette série me touche plus qu’une autre ? Car l’hindouisme m’inspire et me fascine. Parce que la photographie me permet de capturer un moment unique que je choisis d’immortaliser.

Crémation du grand père de Putu

Cette série raconte une cérémonie de crémation à laquelle j’ai été invité par Putu et sa famille. Dans la culture hindouiste en Indonésie, lorsqu’un membre de la famille décède, son corps est brûlé la semaine suivant la fête de Galungan, célébré deux fois chaque année. Le grand-père de Putu est décédé 2 semaines plus tôt, son corps est resté depuis avec la famille.

Jour 1, dans une rue de Canggu à proximité d’un temple, 8:00.

La cérémonie commence ici. Bord de route, au milieu du chaos qui règne déjà dans les rues de Canggu, autour d’un temple de rue (petite structure en pierre noire).

10:00. La cérémonie commence dans l’enceinte familiale. Chaque famille a son propre temple familial. Il consiste en une petite cour murée avec plusieurs rangées de petits bâtiments au toit de chaume.

Les femmes sont regroupées d’un côté, les hommes d’un autre, un groupe de musicien joue tout en se tenant à l’écart, le défunt est positionné au centre. Une vingtaine de personnes l’entoure.

Le défunt est lavé. Il sera enveloppé d’un drap blanc puis recouvert d’un tissage en bambou.

La

Femmes qui apportent des offrandes.

Homme détruisant à l’aide d’un couteau la table qui supportait le corps lors de la cérémonie.

Les membres de la famille se retrouvent au milieu pour une prière finale. Ce sera tout pour ce matin.

Putu : Rendez-vous à 9h demain et venez un peu plus tôt qu’on vous habille en tenue traditionnelle.


Je serai là sans faute.

Jour 2, 09:00

La couleur vient révéler ce que notre regard n’avait pas perçu.

Le deuxième jour prend une autre dimension. Le corps est prêt à quitter le monde des humains, c’est le jour de la crémation.

La famille apporte toutes les offrandes dans la rue. Le cortège qui va accompagner la dépouille sur le lieu de crémation se met peu à peu en place.

Le corps est alors porté par une dizaine d’hommes, puis déposé sur une magnifique structure appelée tour mortuaire “Bade”.

Le cortège se met en route.
Un groupe de femme à l’avant portant les offrandes sur leur tête. Derrière elles, deux hommes. L’un portant le couteau qui avait servi la veille à détruire la table mortuaire, l’autre agitant un porcelet au bout de son pic. Vient ensuite le coeur familiale, devançant la structure trônale et enfin le cortège sans fin. Il fallait voir ça. En plein coeur de Canggu, le trafic complètement interrompu, laissant place à cette scène surréaliste.

Un homme soulève les fils électriques avec une grande perche en bambou afin que la tour mortuaire passe sans encombre.

La suite, noir et blanc.

Mon intention : m’appuyer sur un cadrage assez street pour une approche spontanée et au plus proche des sujets pour relater l’intimité de ce moment important.

Les musiciens suivent le cortège.

La tour mortuaire est portée par des membres de la famille sur une structure en bambou qui représente le monde des humains. Un homme semble protéger la dépouille.

Le corps du défunt est descendu de la tour et est porté par un groupe plus restreint.

Il est ensuite déposé sur l’autel.

Proches du défunt

Les deux photos suivantes expriment une certaine retenue respectueuse, notamment grâce aux nombreuses ombres qui viennent souligner la charge émotionnelle de ce moment solennel. 

Dernier moment de recueillement pour la famille proche. La petite fille du défunt sur la première photo. Le fils sur la troisième et quatrième.

Message from Putu.

“Hi Victor. Happy to hear from you again... I would like to say thank you, to be a part of my ceremony. We are ok if you want to use some photos for exhibition. I think you got beautiful captures of that... I really hope to see you again one day in Bali. Best regards from Bali. Good luck.”